Oratoires et chapelles ardentes de la Martinique
Ils sont nombreux ces petits lieux de culte à jalonner les routes de l’île. Plusieurs sont aujourd’hui abandonnés mais en majorité ils font l’objet de soins attentifs. Tous racontent une histoire particulière, ensemble ils racontent l’histoire de la Martinique !
A la croisée des chemins, dans la solitude des campagnes, sur les terres de chaque Habitation, dans les enceintes d’anciens dispensaires, sur bon nombre de caps du littoral, partout ou un coin de terre semble abandonné de Dieu, ils sont là en signe de protection. Pour ne laisser aucune place aux forces des ténèbres et pour maintenir la lumière même en plein cœur de la nuit. Ils sont comme des petits phares qui permettent aux fidèles de trouver refuge, chacun porte une signification différente et particulière.
Un patrimoine historique unique
Oratoire vient du terme latin "orare", qui veut dire prier et désigne une chapelle de dimension restreinte dans laquelle on ne trouve généralement qu’une niche vouée à un Saint-Patron. Il est souvent construit à l’initiative d’une personne privée qui deviendra sa marraine. La chapelle, elle, a des dimensions plus importantes, même si elle peut être très petite, mais elle possède généralement un autel, et comme l’oratoire, est édifiée la plupart du temps, dans des lieux de solitude.
Ces deux types d’édifice sont très courants en Martinique, chaque quartier possédait dans le temps, sa chapelle, son oratoire ou sa croix. Toutes sortes de matériaux entrent dans l’élaboration de leur construction, ce n’est cependant qu’au XIXème siècle que l’on voit apparaître les premiers édifices en pierre. Avant cela, ce que l’on appèle aussi les chapelles rurales étaient en bois. Elles ont pratiquement toutes disparu, mis à part celle des Trois-Pitons au François et celle de l’Habitation de l’Anse à l’Ane. Tous ces lieux sont placés sous la protection d’un Saint Patron et sont destinés à protéger les habitants d’un endroit, les passants ou encore les marins-pêcheurs pour qui de nombreux édifices ont été construits tout le long du littoral.
Un culte à la Vierge
Si le culte marial est prédominant sur notre île, plusieurs Saints sont également présents au cœur des oratoires et notamment Saint-Pierre, protecteur des marins. Dans toutes les communes on peut observer d’admirables constructions dédiées à la Vierge. Signalons trois grottes votives remarquables : à Fond Saint-Denis bien sûr et à Saint-Joseph, la grotte de Lourdes, consacrée à Bernadette Soubirous. Elle est réputée pour sa source qui a des vertus bénéfiques. Par ailleurs, plusieurs chapelles ardentes situées sur le littoral sont dédiées à la vierge des Marins. Il y en a deux très belles au Vauclin, près du marché, et au Cap Beauchêne au-dessus de Grand Macabou.
Des trésors à préserver
Tous ces édifices sont d’époques différentes, ils recèlent des histoires particulières et possèdent des missions spécifiques. Tous ont des détails architecturaux spécifiques qui les rendent uniques. L’oratoire de Trois-Rivière, par exemple, possède deux niches distinctes, dédiées à un patron différent ; celui du bourg des Anses d’Arlet est le seul de l’île à posséder un bénitier… Tous ont aussi un charme fou soigneusement entretenu par les fidèles. Toujours fleuris et éclairés de bougies, agrémentés de détails baroques (
conques de lambis, coquillages incrustés), ils sont de purs trésors populaires du patrimoine religieux martiniquais.
Nathalie Laulé
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]